[Libre] L'épitaphe, échoppe d'armement et d'améliorations.

La dragonne était là, avachie sur ce misérable bureau, les paupières closes et la respiration régulière. Wild Thunder fut surprise de la trouver endormie et rapidement, une part d'elle ne pu s'empêcher d'éprouver un soupçon de culpabilité. Elle l'avait attendu, sans fermer sa boutique. Elle l'avait attendu jusqu'à s'endormir ici... Et la terrestre s'approcha sans un bruit pour contempler sa camarade. Elle qui semblait pleine de vie et avec un certain mordant, elle semblait bien plus inoffensive à cet instant. Encore une fois, c'était surprenant. Plutôt que d'avoir face à elle une bête assoiffée de sang, un dragon avide et cupide... Un être mangeur de chair... Voilà qu'elle ressemblait à ces enfants qu'elle avait pu croiser durant ses voyages.

La baronne n'eut pas vraiment besoin de s'attarder sur ses lames, car elle les savait magnifiques... Mais un simple coup d’œil eut raison d'elle et lui arracha un tendre sourire. Komaïnu était resplendissant, si elle s'était écoutée, elle aurait étreindre l'arme entre ses sabots... Heureusement néanmoins, elle avait suffisamment de jugeote pour ne pas se risquer dans un tel acte. Mais l'objet aux côtés de son amie attira son attention. Curieuse, Wild Thunder contourna la table pour l'admirer de plus près. Par un réflexe idiot, elle plissa même les yeux dans l'espoir de comprendre son utilité, mais rien à faire... Si c'était magique, ce qui devait être probablement le cas, la jument serait forcément perdue. La magie était complexe, tellement complexe... C'était fascinant, mais si elle n'avait pas d'explication à côté, elle se décourageait rapidement dans ses recherches.

La deuxième chose qui attira son attention, fut le fond de la boutique. Une porte ouverte, pourtant toujours scellée. Comme envoûtée, la dame s'en approcha d'un pas délicat et hésitant. Peu avant d'arriver à son seuil, elle se figea, relevant les yeux sur l'encadrement. C'était une porte si simple... Et pourtant tellement gardée. Il lui arrivait fréquemment de se demander ce que contenait la pièce maudite. Puis... Sa conscience la rappela à l'ordre. L'image de Midnight lui apparut comme un éclair, une morsure brutale pour la ramener à la réalité. Wild Thunder aussi avait ses secrets... Et jamais elle n'aurait voulu qu'on force la porte de ses souvenirs comme elle s'apprêtait à le faire.

Alors... Sans un bruit, elle recula doucement, sans quitter la porte des yeux... Et ce fut seulement une fois à la hauteur de la dragonne qu'elle s'en détacha pour contempler de nouveau sa camarade. Elle vint s'asseoir à côté d'elle et avec la douceur d'une mère... Elle caressa son crâne. Tetra... Était une jeune fille qu'elle appréciait beaucoup. Elle la percevait parfois comme une fillette, une fillette qui aurait pu découvrir tout le monde qui l'entourait si elle l'avait voulu... Sans même s'en rendre compte, la noble commença à fredonner une chanson en fermant les yeux, continuant de caresser la jeune dragonne assoupie. Cet acte plein de tendresse n'avait rien de tendancieux. Les gens aimaient dire que Wild Thunder ressemblait à une mère, ou peut-être même à une sœur... Et encore une fois, elle ne faisait que remplir ces attentes.

Musique chantée:

Wild Thunder n'en croyait pas ses oreilles. Quelle surprise de découvrir qu'un être aussi légendaire qu'un dragon... Avait la capacité de ronronner à la manière d'un chaton. Son ronronnement était certes plus rauque et bruyant, mais il la rendait si... Innocente et adorable ? Et c'était en souriant que la terrestre continuait sa chanson d'une voix douce et mélodieuse, sans se préoccuper de la suite des événements. Elle préféra ne pas penser au moment où elle devrait finalement la réveiller... Car après tout, elles ne pourraient pas rester indéfiniment ici, ils leurs faudrait bien partir à un moment ou à un autre.

Dans la boutique, tout était calme. Malgré le peu de nettoyage, il n'y avait pas l'ombre d'un bruit qui aurait pu laisser présager la présence d'une vermine. Malgré cette porte ouverte derrière elle, il n'y avait pas le moindre son qui en émanait, et si ça ne faisait qu'attiser sa curiosité, à cet instant elle n'avait plus besoin d'y penser. La lumière du jour qui pénétrait habituellement par les fenêtres s'était éteinte. La Baronne sentait que la nuit venait d'envelopper Equestria, et ces rares faisceaux lumineux qui traversaient les carreaux lui firent découvrir un nouveau visage à la boutique. Elle ne se souvenait pas être déjà restée si tard. Wild Thunder trouva l'épitaphe reposant, bien que sans en connaître la raison, ses oreilles restaient parfaitement droites, comme si elles tentaient vainement de percevoir le moindre bruit.

Et ce fut la voix de Tetra qui vint rassurer son oreille inquiète. Doucement, la jument tourna la tête pour contempler sa jeune amie, ses lèvres s'étirant d'un sourire plus large. Elle la couva d'un regard maternel, tandis que son sabot se glissa délicatement sur sa joue. La terrestre abandonna son chant, mais d'une voix tout aussi poétique, elle murmura pour ne pas l’arracher trop violemment aux bras de Morphée.

- Merci... J'ai appris cet air durant mes voyages, il y a bien des années...

Mais encore une fois, elle n'en dit pas plus. Wild Thunder était comme ça, à donner le minimum sur elle, à ne jamais s'attarder sur son passé ou sur les informations la concernant. Dans un geste purement amicale, elle rapprocha son visage du sien en reposant son sabot à terre. Sa tempe vint se presser doucement contre celle de la dragonne et la baronne reprit de plus bel avec affection.

- Je suis navrée d'être revenue si tard, excuse moi. Tu aurais dû fermer, je serais revenue demain.

Elle se redressa et s'éloigna de quelques pas afin de laisser son amie émerger totalement de son sommeil. Wild Thunder regarda son beau Komaïnu. En réalité, il aurait été insupportable pour elle d'en être séparée toute la nuit... Mais elle ne chercha pas à savoir si Tetra le savait. Peut-être était-ce pour cette raison que la forgeuse était restée si tard...

- Tu devrais également faire attention, Tetra. Cette porte derrière toi est importante non ? Tu la gardes toujours fermée... Mais pas cette fois-ci. Un autre que moi aurait pu s'y rendre.

La jument ne s'était jamais vraiment demandée auparavant ce qui aurait pu se cacher derrière cette porte scellée. Même à présent, elle n'avait pas envie de le savoir. Elle aimait espérer qu'il s'agissait d’œuvres d'une valeur inestimable, et l’espérait lui suffisait. Elle n'avait pas envie de savoir la vérité, car elle la craignait.